TIM BURTON au MOMA, La liberté s’habille en rayures…

Publié le par micha christos

TB Superman
Né en Californie, Tim Burton a fait de l’ombre sa lumière à Hollywood dont il a habité l’antichambre : Burbank, sa ville natale. Le MOMA de New York lui consacre jusqu’au 26 avril 2010 une exposition tout en clair obscure dévoilant les chefs d’œuvre de ce grand enfant dessinateur poète avant d’être un réalisateur internationalement  connu et reconnu. 

Paradoxal pour celui qui avoue sans conteste son grand faible pour les « outsiders », ces personnages que l’on croit méchants alors qu’ils ne le sont pas… Depuis son enfance solitaire dans les sièges en velours des salles obscures où il aimait à séjourner en compagnie de Godzilla, de Frankenstein et des films de son acteur préféré Vincent Price, Tim Burton a toujours eu un grand faible parfaitement avoué pour les monstres… Ces êtres différents, en marge de la société et incompris le touchent tant ils lui ressemblent. Tout petit Tim Burton crée son monde et c’est curieusement dans un univers totalement parallèle au sien, chez Disney qu’il fera ses premiers pas.  Son talent le fait rentré dans les studios mythiques qui ne voient pas, dans un premier temps  bien avant sa consécration, que faire de ce génie noir dont les créations sont peuplées de personnages aussi effrayants que drôles et si poétiquement sombres. Fasciné par Edgard Poe, très jeune il écrit  d’ailleurs comme lui et son célèbre Corbeau, le Poème qui lui servira de base plus tard. au scénario de L’Etrange Noël de Monsieur Jack. Aujourd’hui, le MOMA expose son œuvre et il ne peut que se féliciter de n’avoir eu aucun professeur pour guider son crayon de manière didactique. Tel son Edward aux mains d’argent, il a ainsi préservé toute la spontanéité joyeusement macabre de ses premiers élans. Il a su inscrire au fil du temps des codes tels des empreintes récurrentes sur les scènes de ses crimes imaginaires.

Quand on arrive au MOMA un immense lombric gonflable vous contemple de ses nombreux yeux sur sa tête énorme et turquoise, le petit corps soigneusement emmailloté dans un collant burtonien à rayures noires et blanches. On commence le compte sans rebours de la valse des chiffres, tous habillés by Burton. Car dans ce monde peuplé d’escaliers aux marches grinçantes et irrégulières, de parapluies vivants, de nombreux morts plus ou moins vivants, d’arbres noirs étrangement tordus, d’églises peu amicales et d’épouvantails  tous les nombres, toutes les choses sont aussi humaines que les personnages en quête de leur âme sur la piste en damier noir et blanc. Mélancolique, implacable et  plein d’humour, on suit avec délice le père de l’inimitable Beetlejuice sur la route de ses fantasmes en éternelles spirales hypnotiques accompagné par la musique de l’incontournable Danny Elfman, le frère de son de Tim Burton.

Au fil de l’exposition on découvre les personnages les plus étranges en sculpture ou en dessins âmes- innées contrastes étonnants bien sûr avec des dessins simplement animés. Ainsi cette plante géante carnivore à la bouche d’un pélican aux mille et une dents de fer dont toute la grâce repose dans la finesse de son cou et en ses yeux pédonculés à fines tigelles. On embarque sur un manège enchanté tout droit arrivé d’un dessin aux pastels sur papier noir qui a été recréé par la fidèle équipe du maestro pour nous emmener dans la magie d’un carnaval imaginaire. On tourne avec le poisson à pois verts à la bouche sensuelle rose ouvertes sur de très nombreuses dents surmontée de  trois yeux globuleux ou cette étrange oiseau mauve à ailes de chauve souris qui ouvre la marche devant un hybride du cheval et de l’hippocampe à pois bleus et à crinière rouge. Ce carrousel à rêves fait la toupie et génère sa propre électricité hystérique et intergalactique en une boule violette aux éclairs arc-en-ciel.

Sur les murs se succèdent spirale rouge pointant un chien de sa flèche, poupée démembrée en communication avec un téléphone qui vient de lui arracher un œil, petit garçon se métamorphosant en lombric à bouche rouge, squelette en smoking noir qui explose en une gerbe multicolore, mariée moribonde enceinte de bébés pendus à leurs cordons, 7 chaussette dévorant les nombres abeilles, un roi patate à mille yeux, un loup face au faucheur chaperon rouge, un monstre ménager en bigoudis… Pour Tim Burton, ces dessins, ces photos, ces textes sont l’essence même de son travail. Ils font partie intégrantes de son processus de pensée, de créativité. Au-delà des films, des œuvres existantes dans lesquelles nous pouvons plongé par DVD interposés le MOMA nous offre  une visite intérieure de son âme d’artiste, un pass exceptionnel de la rayure en noir et blanc à la couleur la plus explosive pour un voyage sans détours…vers la liberté d’exister !

Micha Christos

 

Publié dans Expositions

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