LE SOURIRE DE PICASSO OU LE GENIE DE L’IRREVERENCE

Publié le par micha christos



picasso 4David Douglas Duncan, grand et élégant ami de Picasso, a immortalisé  en de fabuleux clichés l’humour facétieux de ce monstre sacré.
Au firmament du génie éternel, Albert Einstein tire la langue et Picasso rit aux éclats face à l’objectif de Duncan. Ce photographe de la guerre de Corée est rentré dans l’arène du peintre de Guernica par le chemin du cœur.

Ils ont trouvé ensemble une récréation à leurs batailles : Picasso devient modèle et Duncan photographie ces instants heureux. C’est un duel d’enfants et Picasso se bat pour de faux et vraiment pour rire avec son fils. Chapeau de paille enfoncé sur l’œil vif et cigarette aux lèvres, les deux garçons s’affrontent en un pas de deux sur  l’improvisation imaginaire d’un Diaghilev très rock n’roll.  

Tels deux potaches, Duncan et Picasso s’amusent comme des gosses et Picasso fait le clown. Il se grime et joue la comedia del arte à un Cocteau qui fond littéralement sous le charme de cette vision surréaliste et ô combien jubilatoire. Cocteau prend alors le rôle du clown blanc dans une parodie de ses « Enfants terribles » et Picasso campe son Auguste avec l’énormité et la truculence d’un personnage burlesque à la Falstaff  en y mêlant l’accent émouvant d’un chapeau melon digne du plus pur Charlot.

Entre la comédie et le drame, Picasso joue au grand guignol à la tête de mort exhortant l’univers de son bras dressé en un flamenco endiablé avec un carton peint sur le visage, image grotesque et fascinante qui ne laisse voir que ce fameux regard qui a mis le feu à tant de cœurs et tant de toiles.

Pour Duncan, Picasso laisse tomber le masque et se donne en spectacle. Il danse tel un faune en rut avec une nymphe aux bacchanales de Dionysos. Empli de cette force vive, de ce principe mâle, jouisseur incarné de l’instant. Toréador de l’invisible, il virevolte totalement libre et sans complexes, brut, dénué d’artifices, sensuel et sexuel… Nu toujours et encore, Picasso exulte au fond de sa baignoire  redécouvrant avec délice les principes d’Archimède sous l’effet revigorant du gant de crin. L’œil de Duncan est si juste qu’on se croit dans la peau de Lump, le teckel coup de foudre de Picasso, son inséparable copain de cabotinages que Duncan lui avait donné, sans savoir que ce petit chien espiègle allait devenir une figure emblématique de l’œuvre de son maître.

Toujours hors cadre avec bonheur, Picasso transforme le ridicule en génie et Duncan le retrouve au balcon en une parodie royalement efféminée. Picasso revêt pour la circonstance une robe immaculée de princesse, caricaturant en une ultime périphrase iconoclaste l’infante des Ménines de Velasquez, pour un salut digne de cet imperator de l’irrévérence totale.

Moment de pause amicale pour le Roi Pablo, Duncan le photographie installé dans son rocking-chair, tel un bouddha hilare en short et espadrilles sur son nuage de fumée.

A travers cette galerie de portraits aussi beaux qu’émouvants, Picasso irradie de cette lumière communicative qu’il a su donner à toute chose, à tout être qui l’approchait. L’œil de Duncan a su gardé pour l’éternité cette force vitale, ce plaisir porté aux nues dans la chaire même de ce créateur sans limites. Par la magie de leur rencontre, le sourire de Pablo Picasso rayonne à tout jamais.

Micha Christos

 

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