MURAKAMI LE COMIC STREET INTERGALACTIQUE

Publié le par micha christos

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Takashi Murakami, artiste japonais célèbre pour son travail plein d’humour et de provocation dans la digne lignée des artistes Pop comme Andy Warhol, Roy Lichtenstein et Richard Hamilton et proche dans un autre style de son contemporain Jeff Koons. Ils ont mis les codes de la société de consommation au service de leur art qu’ils développent sur tous les supports des plus intemporels au plus jetables. Il a d’ailleurs utilisé une marque avant d’en devenir une et d’être « l’œil » rainbow de Louis Vuitton.

Murakami utilise le terme POKU pour décrire son travail, mot formé de Pop et d’Otaku en référence à la monomanie obsessionnelle.  Il qualifie aussi son œuvre de Superflat (superplat) car elle se caractérise par un aspect bidimensionnel et son espace pictural peut être lu de la même manière depuis tous les points de vue.  Murakami a brillamment intégré le style de peinture japonais de la fin du XIXe Nihonga  dans lequel sont représentés des thèmes traditionnels avec l’emploi de pigments naturels. Ses influences sont très variées et se situent aussi bien dans l’iconographie bouddhiste, les rouleaux peints du XIIe siècle, la peinture zen et la peinture excentrique de la période Edo du XVIIIe siècle que dans la culture américaine comme le cinéma de Lucas, Spielberg et les dessins animés de Walt Disney car son père travaillait sur une base navale aux USA.


Pour matérialiser ses préceptes, il a su plonger avec délice dans la culture de masse japonaise et notamment des mangas dans le plus pur style kawaï. Son succès est immense dans le monde entier car il touche l’inconscient collectif tant par ses couleurs vives et joyeuses que par ses formes moelleuses et tendres au goût inconscient de marshmallow. Ses personnages mêmes les plus subversifs comme “My Lonesome Cowboy” figurine de jeune homme blond en pleine masturbation qui jouit à s’en faire un lasso avec son sperme, tout comme sa compagne dont l’extase lui fait faire de la corde à sauter avec le geyser de lait qui s’écoule de ses gigantesques mamelles de bimbo hystérique à couettes!   Sotheby’s a adjugé le Cow Boy pour 15 millions de livres…Weeh-ha ! Voilà de quoi adorer la conquête du Far very West !

 

Pape star de la dérision, il fait son autoportrait en métal,  tel un tintin du soleil levant  tirant son irrévérence à un occident fasciné, pontifiant à la Tournesol dont il a la barbichette, les petites lunettes et l’air inspiré d’un fou sous champignons hallucinogènes. Ces légumes « offensifs » font partis d’ailleurs de ses codes iconiques. Dérision oblige il est accompagné d’un matou adorablement prétentieux qui snoberait Bastet du haut de sa pyramide…

 

Toujours en métal, son  Oval Buddha, une « grenouille zen » d’aluminium et de fer entièrement recouverte de feuilles de platine est assise dans une pose de méditation avec des pétales de lotus et un éléphant à sa base symbole de la régénération des forces dans la tradition bouddhiste. Ce personnage est né de la rencontre du directeur de la création d’Issey Miyake en 1999, Naoki Takizawa qui voulait une nouvelle mascotte pour une ligne de t-shirts qui devaient être vendus dans une forme d’œuf compressé, une vraie genèse entre l’œuf et la grenouille… Fasciné depuis l’enfance par Hyakume (Hundred Eyes) son héros manga fétiche, Murakami a toujours mis des « jellyfish eyes », ces yeux de poissons ronds un peu partout dans ses œuvres et on retrouve cette signature de style sur la tête surdimensionnée du Oval Bouddha.

Ce concept revient en une autre sculpture immaculée, toujours avec une tête énorme mais avec des dents de la mer revues par un orthodontiste accro au  piano. Cet hybride à mèche rebelle est posé sur une boule de marguerites icônes incontournables, hilares et multicolores avec un tapis d’yeux sous hypnose…

 Ces personnages fétiches semblent sortir tout droit de la galaxie avec leurs ventres ronds, centre du Harat gravitationnel, leurs fleurs sous extase interstellaire et leur air d’innocence si candide qu’on leur offre le monde avant même qu’ils ne le réclament. Surtout que ces chers Kaikai et Kiki ont déjà trois têtes de morts adorablement plantées au bout de leurs piques, si ingénus dans leur perverse innocence... Et dans un bal digne et dingue de fantasia la nature sous acide batifole dans un rêve sur le fil du rasoir.

Son imaginaire est aussi câlin que malin car il utilise à merveille les textures les plus douces comme la peluche pour faire un panda géant dont les adorables oreilles sont signées des codes florales Louis Vuitton… Ou encore son incontournable Mr DOB voit sa tête géante voler en bulle d’hélium gonflable, matière de jouet pour un fantasme aux oreilles de Mickey et au rictus de vampire avec une pléthore de 3ème œil en graffitis. Murakami n’oublie pas la magie de l’enfance et Mr Pointy  a été créé à l’origine pour un hôpital américain car il voulait qu’il soit un message pour les enfants qui s’y trouvaient.



Manifeste de génie, ses œuvres sont aussi bien présentées dans les plus grandes institutions artistiques : le Guggenheim de Bilbao, le Museum of Fine Art de Boston, le Musée d’Art contemporain du XXIème siècle de Kurosawa, le MOMA de New York….que dans les concepts stores les plus trendy de la planète. Murakami produit de stickers, des badges…comme des sculptures monumentales, il fait aussi bien de la peinture que du papier peint ! Il a su conjuguer avec maestria commerce de masse et pièce unique tout en préservant une valeur intrinsèque à son travail et en ne galvaudant pas sa créativité.  Un vrai talent inspiré, toujours sur orbite son esprit est une comète en feu.

L’abondance du luxe et le luxe de l’abondance, Murakami le ciel a un œil sur lui…

 

Micha Christos

 

 

 

 

 

Publié dans Art

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